Camapagne agricole 2013-2014 mitigée

Le suivi de l’hivernage s’inscrit dans le cadre des activités des différents comités paroissiaux des Coordinations diocésaines de Caritas Mali. Il renseigne sur le déroulement de l’hivernage qui s’étale du mois de mai à celui d’octobre et informe les coordinations diocésaines et le Secrétariat National sur l’évolution des indicateurs importants de la sécurité alimentaire de la période de la soudure éventuelle à la veille des nouvelles récoltes prévues pour le mois d’octobre de chaque année.
Cette année comme les précédentes, les comités paroissiaux ont continué à faire leur travail de suivi de la campagne agricole en collaboration avec les services techniques et les systèmes nationaux spécialisés dans le suivi des facteurs biophysiques (pluviométrie, crue, pâturages, déprédateurs, cultures etc.) de la campagne agricole et dans celui des indicateurs économiques et sociaux ayant une influence sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population.
Le Secrétariat National de Caritas Mali ayant reçu les différents rapports compilés par les diocèses, a convoqué une rencontre nationale du 22 au 24 janvier 2014 afin d’évaluer et de décider des actions à mener.
Il ressort de cette évaluation que la campagne agricole 2013-2014 s’est achevée par un bilan mitigé dans certaines localités à cause principalement des retards de pluies pour effectuer à temps les semis, des poches de sécheresse, de la faible hauteur des pluies, de leur arrêt précoce, des attaques de chenilles mineuses d’épis et foreuses de tiges, des attaques de sautereaux et d’oiseaux granivores, qui ont occasionné un résultat de campagne en deçà des attentes. Il ressort du suivi de la campagne agricole 2013-2014 fait par les comités paroissiaux de Caritas et les coordinations diocésaines, un déficit céréalier important dans certaines communes des diocèses.
Par ailleurs, selon le rapport du Commissariat à la Sécurité Alimentaire de novembre 2013, « les quantités de pluie recueillies au cours de l’hivernage passé ont été déficitaires dans l’ensemble excepté les localités de Nioro, Kita, Bamako Ville, Bamako Sénou, Ouéléssébougou, Kolokani et Bougouni où elles ont été normales à excédentaires. Ce cumul est, dans l’ensemble, inférieur à celui de l’année dernière à la même date ».
L’économie des zones d’intervention des Caritas diocésaines du Mali est essentiellement basée sur la céréaliculture. Une partie de la production agricole est autoconsommée et l’autre vendue afin de satisfaire les autres besoins (habillement, soins de santé, scolarisation, transport, etc.) des ménages. Dans ces dernières décennies, cette agriculture est soumise à plusieurs aléas dont la mauvaise pluviométrie (insuffisante et inégalement répartie dans le temps et dans l’espace), aux attaques des ravageurs, aux maladies des cultures, à la sècheresse, etc.
Ces aléas sont fréquemment à la base des mauvaises récoltes qui affectent les conditions de vie des populations.
A cela, il faut ajouter les conséquences de la crise multidimensionnelle qu’a connues le Mali en 2012 et 2013.
La culture maraichère constituant l’alternative pour résorber en partie le déficit céréalier est compromise du fait de la mauvaise pluviométrie, ayant occasionné assèchement prématuré des cours d’eau.
Un déficit important de la production céréalière a une conséquence directe sur le quotidien de la population. Il affecte plus dangereusement les couches les plus vulnérables (femme chef de ménage, ménage ne possédant pas de bonne terre, ménage avec beaucoup d’enfants et peu de bras valides, personnes âgées sans grand soutien, etc.) et peut avoir des effets graves sur les travaux de la campagne agricole suivante.
En effet, dans les conditions normales, la production agricole d’une campagne, offre à la population la base alimentaire pour les 12 prochains mois et un revenu financier par la vente des produits agricoles pour la satisfaction des autres charges du ménage. Cette situation de déficit affecte sérieusement les conditions de vie des populations avec :
•une sous-alimentation et une augmentation du taux de malnutrition,
•une décapitalisation par la vente des animaux et des objets,
•un départ plus massif à l’exode avec parfois des conséquences graves (maladies, grossesses non désirées, détérioration des relatons sociales, etc.)
•la diminution du niveau de participation de la population aux actions de développement par le départ des bras valides, le manque de moyen pour la contribution financière.
Dans ce contexte, le communiqué du 11ème Conseil National de la Sécurité Alimentaire tenue le 30 janvier 2014, estime à huit cents mille (800.000) le nombre de personnes classées en insécurité alimentaire aiguë contre 1.500.000 personnes selon l’évaluation définitive de 2013. Ce chiffre est également en baisse par rapport à l’année 2012, où 4, 6 millions de personnes étaient affectées sur le plan de la sécurité alimentaire. Ces personnes vulnérables, en situation de crise alimentaire, auront besoin d’une assistance alimentaire gratuite de 26.254 tonnes de céréales au cours de l’année 2014.
La solidarité envers les populations victimes de quelque fléau que ce soit, étant un des axes stratégiques de Caritas Mali, celle-ci alerte ses partenaires que dans les jours à venir un appel d’urgence leur sera lancé afin de contribuer à la réduction des effets négatifs du déficit céréalier.