Interview : « il ne faut pas trop chercher ce que tu sais bien que tu ne peux pas avoir. Il faut se contenter de ce que tu gagnes seulement. »
Caritas Mali :
Pouvez-vous vous présenter et décrire les conditions de votre arrivée ici à Bamako ?
Mme Fatoumata Wallet Inamelen :Je suis Fatoumata Wallet Inamelen. Je suis originaire de Kidal et Conseillère à la Commune rurale de Kidal. Je suis partie de Kidal au mois d’avril 2012 en passant par Gao, Niamey, Ouagadougou, puis Bobo. Je suis veuve avec 6 personnes en charge actuellement. Il y a des étudiants parmi elles.
Caritas Mali :
Quel a été votre premier lieu d’accueil et comment avez-vous été accueillie ?
Mme Fatoumata Wallet Inamelen :
J’ai passé deux (2) mois à Bobo dans le quartier Bobo 2010. J’ai préféré faire le grand tour parce qu’à l’époque la menace sur la peau blanche était assez forte. Je suis arrivée à Bamako le 26 juin 2012 avec ma famille. Ici à Bamako, c’est mon fils qui est sergent à la Douane qui a loué une maison à Sirakoro après les 1008 logements sociaux pour moi et les miens.
Caritas Mali :
Depuis votre arrivée à Bamako, comment vivez-vous ? (avez-vous reçu de l’aide ? si oui, de qui ?)
Mme Fatoumata Wallet Inamelen :
Mon fils paie la location de la maison pour nous, j’ai une fille qui travaille à l’Agence de la Promotion de l’Emploi des Jeunes (APEJ). Les deux me viennent en aide comme ils peuvent. Avec cet appui, je nourri ma famille. Je me débrouille dans la confection des bracelets, de l’encens et quelques bisous que nous revendons. Je le fais avec ma cousine qui vit avec moi.
De l’aide, nous en avons reçue. En effet, depuis notre arrivée, le Consulat de Monaco à travers Afrique verte nous est venu en aide, la mosquée du quartier nous est venue en aide il n’y a même pas longtemps. Nous avons vraiment reçu de l’aide spontanée. Cette aide est composée de céréales, de lait, de sucre, du savon, etc.
Caritas Mali :
Quelles sont les difficultés majeures que vous rencontrez actuellement ?
Mme Fatoumata Wallet Inamelen :La location, les factures d’électricité sont des frais assez élevés. Cependant, « il ne faut pas trop chercher ce que tu sais bien que tu ne peux pas avoir. Il faut se contenter de ce que tu gagnes seulement. » Sinon, comme je le disais tantôt, avec ma cousine, nous essayons de confectionner des bracelets et autres articles d’ornement de femmes et de l’encens. Si j’ai un appui financier, je pourrai développer d’avantage cette production/vente et alléger la charge de mes enfants qui ont eux aussi des familles à nourrir avec la vie chère de Bamako.
J’ai mon papa et des frères qui sont restés en famille à qui nous faisons tout pour leur envoyer de l’argent. Car actuellement, il est vrai que les commerçants font rentrer les marchandises de l’Algérie. Les articles sont disponibles, mais l’argent n’est pas disponible.
Caritas Mali :
Qu’en-est-il de l’amalgame dont parlent certains à propos de la couleur de la peau ?
Mme Fatoumata Wallet Inamelen :
Je n’ai jamais eu de difficulté par rapport à la couleur de ma peau. L’insécurité de Bamako a toujours existé, mais, ce n’est pas à cause la couleur de ma peau que je vais avoir peur ou que je vais me cacher. En temps ordinaire, j’étais très fréquente à Bamako. Je n’ai aucun problème de vivre ici à Bamako. Je participe aux différentes formations et rencontres des différents groupements de femmes auxquels j’appartiens. Ne vous en faites pas. Si vous voyez le bonheur quelque part, dites-vous que c’est passager. Si vous voyez le malheur quelque part aussi, dites-vous que c’est passager. Je suis musulmane, vous êtes chrétien, j’ai la peau claire, vous avez la peau noire. Ce n’est pas ce qui va m’empêcher de m’amuser avec mes cousins à plaisanterie les dogons. Ce que j’ai à préciser, c’est que à Kidal, nous ne prenons aucune décision et ne faisons rien d’important sans impliquer les chrétiens. Nous travaillons ensemble.
ITW réalisée par :
Mme Kalambiry Sophie Diallo (chargée d’urgence Caritas Bamako)
Gaston Goro