ANALYSE DE LA SITUATION INSTITUTIONNELLE, POLITIQUE, SOCIO-CULTURELLE ET ECONOMIQUE DU MALI
Depuis le début de la décennie 90, le Mali a connu de profonds changements et ce à plusieurs niveaux :
– Institutionnel ;
– Politique ;
– Socio-culturel ;
– Economiques ;
Même si sur certains plans, ces changements sont appréciables, ils n’ont malheureusement pas tous eu des impacts positifs sur la société malienne qui se désagrège de jours en jours.
Et les récents évènements que le pays a vécus et vit encore témoignent du niveau de la déchirure sociale que le Mali connaît.
Au Mali, la question de l’identité nationale pose problème parce que la société malienne a été constituée sur un socle fragile de replis multi-identitaire.
Structuré autour des colonnes d’un Etat moderne, le Mali, à l’image de nombreux autres pays africains, fonctionne malheureusement par le système des canaux, qui sont loin des principes de la bonne gouvernance.
Ainsi, tous les rouages de l’administration publique, les regroupements socio-professionnels, les partis politiques, les corps constitués et autres acteurs de la vie nationale sont actuellement gangrénés par les maux dont souffre la société malienne elle-même : la corruption, le clientélisme, la gabegie, etc.
Aussi, le mal vivre que le citoyen lambda endure depuis de très longue année se ressent au moindre choc, de quelque nature qu’il soit, car l’opulence affichée par une minorité contraste avec la pauvreté endémique de la majorité.
En effet, la majorité de la population malienne est encore et essentiellement rurale et vit des revenus du travail de la terre, avec des moyens rudimentaires.
Quant au niveau de développement industriel du pays, il est très faible et il n’existe pratiquement aucun produit made in Mali sur le marché national, encore moins dans la sous-région.
La conjugaison des facteurs conjoncturels naturels de vulnérabilité des ménages avec l’architecture fonctionnelle de l’économie et de l’administration publique transforme chaque jour de nombreux maliens en pauvres structurels.
C’est sur ce terreau de misère endémique qu’a éclos la crise multidimensionnelle que le pays connaît depuis plus d’une année.
Ainsi, à la fracture constatée au niveau de toutes les composantes sociales, professionnelles, politiques, religieuses, militaires, etc., du fait du mode inadapté de fonctionnement de l’Etat et de redistribution des richesses nationales, s’ajoute une paupérisation aggravée par la longue et douloureuse occupation des régions du nord du pays, consécutive à la crise institutionnelle.
Récurrente depuis les premières heures de l’indépendance du Mali, la rébellion touarègue, porte d’entrée des groupes armés qui ont occupé trois régions du pays pendant dix longs mois de calvaire, n’a jamais permis à l’Etat centrale d’asseoir une stratégie durable de développement de ces régions. Et l’assistanat par les agences humanitaires est ainsi devenu le principal moyen d’existence de nombreux ménages au nord du Mali.
Si la pauvreté et le sous-développement des régions nord du Mali ont servi d’alibi au déclenchement de la rébellion, la crise qui en a résulté a considérablement affaibli les capacités des ménages, déjà éprouvés par les nombreux facteurs conjoncturels et structurels de pauvreté.
Même si la communauté internationale et les partenaires semblent avoir mis les phares sur les personnes déplacées internes et les réfugiés, elles ne sont malheureusement pas les seules victimes de la crise multidimensionnelle au Mali. En effet, l’arrêt des unités industrielles, le ralentissement des activités de nombreuses sociétés et entreprises, la hausse des prix des denrées de première nécessité, etc., ont frappé aussi de nombreux autres ménages qui vivaient déjà sous le seuil de la pauvreté.
Cette frange silencieuse, oubliée des donateurs, est aussi victime du conflit au Mali. Elle mérite assistance, ne les oublions pas !!!
Gaston Goro